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Mission archéologique en Arabie - L'ancienne Cité -

 

(...) Le groupe F, au sud du précédent, auquel on pourrait facilement le rattacher, ne comprend que cinq tombeaux dont le dernier est inachevé. Le quatrième est très grand et fort beau (F 4, p. 383). Il est remarquable à cause de deux sphinx placés sur les acrotères de chaque côté du fronton au-dessus de la porte. D'après Doughty, les Arabes l'appelleraient « Bet Akhr semât ».

En face de ces derniers tombeaux, à l'est de la ligne du chemin de fer, se trouvent des ruines, en apparence insignifiantes, mais qui doivent marquer cependant le site de l'ancienne ville, ou du moins le site d'un des centres habites dont l'ensemble constituait la ville de Hégra. Il nous parait sûr, en effet, qu'il y eut autrefois plusieurs localités dans la plaine. Sans l'explorer systématiquement, nous y avons relevé sur différents points des traces indubitables d'anciennes habitations (1).

Le sol, en maints endroits, est ponctué de petites buttes de terre à peine perceptibles sur lesquelles on remarque de nombreux fragments de poterie, quelques morceaux de verre et parfois aussi de petits bouts de fer ou de cuivre. Sûrement il y a eu là jadis des maisons. Bâties en terre, elles se sont effondrées depuis des siècles et chaque jour elles tendent de plus en plus à s'unifier avec le sable environnant qui les a déjà envahies; néanmoins, on reconnaît toujours leur présence à un léger exhaussement du terrain et aux indices que nous venons de mentionner.

(1) On se rappelle que, d'après la tradition arabe, il y aurait eu autrefois sept villes dans la plaine de Médain-Saleh. Quoi qu'il en soit du nombre 7, qui pourrait ne pas être tout à fait authentique, l'autre donnée de la tradition, à savoir la multiplicité des villes, se trouve confirmée par ce qu'on voit sur les lieux.

 

Un de ces principaux champs de ruines est celui qui est situé dans le triangle formé par les trois grandes nécropoles d'el-Héger : qasr el-Bint, et les groupes E et C. Au nord-est, la ligne de décombres est parfois si régulière que nous nous sommes demandés s'il n'aurait pas existé un mur d'enceinte en briques. Au sud, sur une petite colline, il y a des arasements de murs en pierres; l'endroit serait bien choisi pour la citadelle. Sur la pente de ce sommet et au pied, du côté de l'ouest, on retrouve, en creusant tant soit peu dans le sable, d'assez nombreuses pierres d'appareil de petites dimensions encore en place. Cela ferait supposer que les fondations des maisons étaient en pierres et le reste en briques sèches. Le cadran solaire nabatéen (p. 303) a été trouvé dans cette région et les soldats y ont ramassé de nombreuses monnaies nabatéennes, la plupart du règne de Harérat IV. Nous en avons vu de très beaux exemplaires entre les mains des officiers (1). Il faut signaler aussi, sur le petit tell, la présence de grandes jarres creusées avec soin dans des blocs de grès. Elles peuvent mesurer en moyenne 0,50 m à 0,60 m de diamètre et 0,75 m à 0,80 m de profondeur; l'épaisseur des parois est de 8 à 10 centimètres.

En rentrant au qala'ah, nous faisons un petit détour sur la gauche pour aller visiter, à l'ouest de la voie ferrée, deux points où l'on voit des décombres semblables à ceux que nous venons de parcourir. Ce sont encore des ruines de maisons enterre; nulle part on ne distingue des pierres de construction, peut-être en découvrirait-on si on remuait un peu le sol.

(1) Nous avons réussi à nous procurer deux ou trois de ces monnaies, mais d'un type commun. M. Habelon décrit plus loin, p. 441, la plus curieuse de ces pièces.

 

Le gebel Huârah avec son petit frère le gebel Hueireh (fig. 86), qui se dressent dans la plaine à une heure et quelques minutes de notre campement dans la direction de l'ouest, paraissent mériter une excursion. La forme particulière de ces deux sommets, leur emplacement, les légendes arabes qui s'y rattachent feraient présumer que de bonne heure ils ont dû attirer l'attention des gens du pays. Nous avons donc consacré une journée à aller les visiter. Ce fut une promenade charmante, pittoresque même, mais moins fructueuse pour l'épigraphie et l'archéologie que nous l'avions espéré.

A trois quarts d'heure environ du qala'ah, nous traversons d'anciennes ruines marquées toujours par des amas informes de terre et des fragments de poterie. Il y a quelques restes d'habitations plus récentes qui donnent bien l'idée de ce que pouvaient être les villages ou villes d'autrefois érigés en ces mêmes lieux : un assemblage de maisons bâties en briques crues de la dernière qualité et recouvertes de branchages avec de la terre battue par-dessus.

Les quelques constructions modernes dont nous voyons les débris à cet endroit, quelques centaines de mètres plus loin au sud-ouest, et un quart d'heure au sud du qala'ah, entre qasr el-Fahad et la voie ferrée, doivent représenter les demeures des gens de Teima installés, lors du passage de Doughty (1), dans la plaine de Médain-Saleh pour y essayer la culture des palmiers. Nous passons à coté d'un puits bouché, auprès duquel on distingue des traces évidentes d'un mur de clôture; ça et là végètent des petits palmiers abandonnés. Les Teimàny auront renoncé sans doute à leur entreprise par suite des exigences et des mauvais traitements des bédouins. C'est grand dommage, car avec un peu de travail et de la persévérance on arriverait à créer une véritable oasis. On trouve partout l'eau à moins de 10 mètres de profondeur et le petit jardin du qala'ah, avec ses beaux palmiers et ses quelques grenadiers, prouve que le sol se prêterai admirablement bien à la culture.

(1) DOUGHTY, Travels ..., 1, p.136

(...)

Mission archéologique en Arabie, P. JAUSSEN et P. SAVIGNAC.


 

 
Le livre de la mission
 
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Description des livres ...
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La préface
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Le journal de la Mission en Arabie

 

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Qui est le père JAUSSEN et son binome SAVIGNAC ?
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Croquis des tombes

 

 

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