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Ecriture et dialecte Nabatéen

Les Nabatéens , bien connus par la description de Strabon (XVI, IV ), constituaient aux environs de l'ère chrétienne un royaume puissant, dont le territoire forma, après la conquête (106 apr. J.-C.), la province romaine d'Arabie. En 312 av. J.C., ils constituaient déjà un peuple assez fort pour résister victorieusement aux armées d'Antigonus. Ils occupaient alors le nord de l'Arabie et l'ancien pavs des Edomites, à l'est de la mer Morte. Plus tard, ils se rendirent maîtres de la Coelé-Syrie et de la Damascène. Les Nabatéens avaient monopolisé le commerce de l'Arabie avec l'Occident comme les Palmyréniens celui du golfe Persique .
 

Une opinion admise en Allemagne veut faire des Nabatéens une tribu arabe se servant de l'araméen comme langue littéraire, ou même simplement comme langue d'apparat pour la rédaction des inscriptions. Rubens Duval a soutenu que les Nabatéens étaient des Araméens, qui peu à peu se seraient assimilés aux Arabes, surtout à partir du moment où ils perdirent leur autonomie politique. L'examen des inscriptions confirme cette manière de voir. Les plus anciennes (premier siècle avant l'ère chrétienne) sont exemptes de tout arabisme; l'influence arabe se fait sentir de plus en plus à partir du premier siècle de notre ère, et d'abord dans les inscriptions provenant du sud (Médaïn Sâleh, Hégra) ; la plus récente (268 J.-C.) est un mélange de mots arabes et araméens. M. Dussaud a rapporté au Louvre une inscription trouvée à en-Namara (Haouran, datée de l'an 328, entièrement rédigée en arabe, mais écrite en caractères nabatéens, c'est le plus ancien monument écrit de la littérature arabe. Les écrivains arabes eux-mêmes ont toujours considéré les Nabatéens comme des Araméens ; et si l'on pouvait démontrer qu'ils sont originaires de l'Arabie, il faudrait admettre qu'ils étaient du moins complètement aramaïsés à l'époque où ils jouent un rôle dans l'hstoire.

Nous ne connaissons le dialecte nabatéen que par les inscriptions. Celles qui ont été découvertes jusqu'à ce jour sont au nombre d'environ quatre cents, non compris les inscriptions sinaïtiques. Elles ont été recueillies pour la plupart à Bostra et dans les régions avoisinantes, à Pétra, capitale du royaume, dans l'Arabie même, à Teima, surtout à Hégra et dans les environs de cette ville. Mais les Nabatéens, comme tous les peuples marchands, ont laissé des traces de leur assage hors de leur propre pays. On a retrouvé des inscriptions nabatéennes en Égypte, en Phénicie, et jusqu'en Italie, à Pouzzoles et à Rome, où leur colonie possédait un sanctuaire (1).

Les rochers du Sinaï portent de nombreuses inscriptions que la tradition des Juifs alexandrins, rapportée par Cosmas Indicopleustes, tenait pour hébraïques et faisait remonter à l'époque de Moïse. Ce sont des inscriptions nabatéennes, comme l'avait fort bien reconnu Beer, dès 1840. Quelques-unes sont datées : la plus ancienne de l'an 150, la plus récente de l'an 252 de notre ère. Toutes ont été gravées dans l'espace compris entre ces deux dates ou à peu près. Elles ne contiennent généralement que des noms propres et quelques brèves formules. Ces proscynèmes sont au nombre de près de trois mille (2).

A côté des inscriptions, il faut mentionner les monnaies nabatéennes qui ont été d'un grand secours pour établir la série des rois de Nabatène. Nous connaissons une succession royale presque ininterrompue depuis Obodas ler (vers 90 av. J.-C.) jusqu'au dernier roi nabatéen, Malikou III (106 apr. J.-C.) (3).

 

(1). Les explorateurs qui ont le plus contribué à enrichir la science en recueillant des inscriptions nabatéennes sont De Vogüé, Huber, Doughty, Euting, et aussi les deux expéditions américaines en Syrie dirigées par Butler, et l'Ecole biblique de Jérusalem - Les textes sont publiés dans le Corpus Inscipt. Semit., Pars II, n° 157-489. On y trouvera la bibliographie des travaux antérieurs. - Celles qui ont été découvertes récemment (il y en a de très importantes) formeront la matière d'un supplément assez volumineux que j'espère pouvoir faire paraître en 1911. Consulter en attendant le Recueil d'archéologie orientale deCLERMONT - GANNEAU, où les principales découvertes sont signalées et discutées avec une merveilleuse sagacité.

(2). Corpus, n° 490-3233. J'y ai ajouté un Index spécial et très complet. Quelques centaines de ces inscriptions avaient été copiées. jadis par Grey. Lepsius, Lottin de Laval et d'autres ; Euting (1891) en recueillit environ 600. G. Bénédite, chargé de cette mission par l'Académie des Inscriptions, en copia vers la même époque près de deux mille. La bibliographie de ces inscriptions occupe plus d'une page du Corpus (t. 1, p. 356-357).

(3). DUSSAUD, Numismatique des rois de Nabatène (Journ. as., 1904) ; Monnaies nabatéennes (Revue Numismatique, 1905).

 

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